1. Pourquoi des premiers secours en santé mentale ?
Prévalence des situations de crise
Stress intense, crise d’anxiété, idées suicidaires, deuil brutal ou burn-out… Chacun peut, à un moment de sa vie, traverser une période extrêmement difficile.
Selon une estimation, près d’une personne sur cinq connaîtra un épisode sévère de troubles mentaux à un moment donné de sa vie.
Manque de ressources immédiates
Les services d’urgence et les lignes d’assistance sont parfois saturés, et l’accès aux professionnels (psychologues, psychiatres) peut prendre plusieurs semaines.
Les premiers secours psychologiques offrent une réponse de proximité, rapide et souvent gratuite.
Briser l’isolement et la stigmatisation
Savoir qu’un collègue, un ami ou un bénévole formé est prêt à écouter sans jugement facilite la parole et encourage la demande d’aide.
Cela contribue à réduire la honte et la culpabilité qui peuvent accompagner les troubles mentaux.
2. Le modèle ALGEE : 5 étapes clés
La méthode de premiers secours en santé mentale la plus répandue s’articule autour de l’acronyme ALGEE, qui décrit cinq actions prioritaires :
- A pour Approcher et évaluer le risque
- L pour Écouter sans juger
- G pour Guider et donner un soutien psychologique
- E pour Encourager l’aide professionnelle
- E pour Encourager les stratégies d’auto-soutien
A – Approcher et évaluer le risque
- Faire preuve de disponibilité : adoptez une posture ouverte (contact visuel, voix calme)
- Évaluer la situation : repérez les signes de danger immédiat (idées suicidaires, actes d’automutilation, état confus)
- Assurer la sécurité : si le risque est élevé, appelez les urgences (ex. : 3114 en France) et restez auprès de la personne
L – Écouter sans juger
- Laisser parler sans interrompre
- Utiliser l’écoute active : reformulez (« Vous avez l’air très angoissé »), validez les émotions (« Cela doit être très difficile pour vous »)
- Montrer de l’empathie, sans minimiser la souffrance
G – Guider et donner un soutien psychologique
- Proposer des techniques de gestion du stress : respiration, relaxation, cohérence cardiaque
- Partager des infos fiables : numéros d’aide, sites spécialisés
- Aider à identifier des ressources : groupes de parole, services médico-psycho-sociaux
E – Encourager l’aide professionnelle
- Souligner l’importance d’un suivi médical ou thérapeutique
- Proposer de l’accompagner dans la prise de rendez-vous
E – Encourager l’auto-soutien et l’entourage
- Promouvoir des activités apaisantes : marche, créativité, sommeil
- Encourager à garder un lien avec les proches
- Suggérer des applis de bien-être ou forums (avec discernement)
3. Formation et déploiement
Pour être efficaces, les secouristes doivent être formés. De nombreux organismes proposent des formations certifiantes (8 à 16 heures).
Contenu des formations :
- Connaissances des troubles (dépression, anxiété, addictions…)
- Techniques d’écoute et de communication
- Mise en pratique du modèle ALGEE (jeux de rôle)
- Gestion du stress pour les intervenants eux-mêmes
Bénéfices :
- Meilleure confiance et efficacité des secouristes
- Réduction de l’absentéisme en entreprise
- Plus grande qualité de prise en charge dans les écoles et les clubs sportifs
4. Bonnes pratiques et pièges à éviter
- Ne pas jouer au thérapeute : on soutient, on oriente, mais on ne soigne pas
- Respecter la confidentialité : sauf en cas de danger immédiat
- Éviter les jugements : accueillir sans culpabiliser
- Prendre soin de soi : le secouriste aussi a besoin d’écoute et de soutien
5. Impact et chiffres clés
- Jusqu’à 30 % de baisse de l’absentéisme en entreprise avec ces programmes
- 80 % des formés se sentent capables d’intervenir après une demi-journée
- Dans les écoles, 60 % des élèves formés se sentent plus aptes à parler à un adulte formé
Conclusion
Les premiers secours en santé mentale sont une réponse proactive et humaine à la montée des troubles psychiques.
Ils permettent d’agir vite, avec simplicité et bienveillance, pour accompagner ceux qui vacillent.
Former un réseau de secouristes – collègues, enseignants, citoyens – c’est bâtir une société plus solidaire face à la détresse psychique.
C’est aussi investir dans une culture de la prévention, de la santé et de l’entraide.
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